Carolyn Taylor, alors au début de la vingtaine, et sa mère faisaient partie des milliers de personnes rassemblées sur la Colline parlementaire qui, en 1965, ont été témoin de la levée du nouveau drapeau du Canada. Native de Winnipeg, elle a fait d’Ottawa son chez-soi. Elle croyait en la promesse de faire du Canada une terre d’accueil pour les immigrants. En 1973, Carolyn a compté parmi les premières femmes diplômées dans ce qui était alors un nouveau domaine : l’informatique. Durant les 20 années qui ont suivi, elle a fait carrière dans le secteur de la haute technologie à Ottawa. Dans les années 1990, répondant à l’appel de son coeur, elle a opère un virage : elle retourne aux études et devient professeur d’anglais langue seconde, d’abord auprès de familles d’étudiants étrangers. Plus tard, elle facilitera l’établissement de nouveaux arrivants en faisant du bénévolat auprès d’un organisme de bienfaisance ayant pour mission de combler les besoins en mobilier et articles ménagers de réfugiés. Ces expériences ont façonné ce qu’elle est devenue, tout comme son amour de la musique – sous toutes ses formes – a défini son caractère et imprégné tous les volets de son quotidien. Bien qu’elle n’ait jamais été une musicienne professionnelle, elle savait que la musique était un mode d’affirmation de la joie de vivre.

C’est en 2015, quand la vie de Carolyn a pris fin beaucoup trop tôt au terme d’un combat de deux ans contre le cancer, que son mari Roger Peters, lui-même un immigrant, a entrepris d’imaginer une façon appropriée d’honorer sa mémoire.

« Ensemble, mes fils et moi avons élaboré un plan en vue de soutenir des causes auxquelles Carolyn croyaient, des causes qui lui étaient chères », de faire valoir Roger. La famille a établi le Fonds communautaire de musique Carolyn Taylor auprès de la Fondation communautaire d’Ottawa, Roger agissant en tant que conseiller principal du fonds. Il avait découvert la Fondation par l’entremise d’un de ses employés personnel et d’autres organisations auprès desquelles Carolyn et lui avaient fait du bénévolat. « J’ai bien aimé l’idée que je pouvais m’investir autant que je le voulais dans la gestion du fonds. Cette flexibilité est vraiment très attrayante. »

Fort de la croyance de Carolyn que la musique pouvait enrichir la vie de gens de tous les milieux, le fonds soutient des initiatives et programmes locaux visant à donner l’occasion à des gens qui ne le seraient peut-être pas autrement d’être touchés par la musique. On s’inspire aussi de l’œuvre de Carolyn auprès des réfugiés pour élargir cette occasion aux nouveaux arrivants au Canada dans l’espoir de combler le fossé culturel en misant sur une passion commune de la musique.

Le fonds a déjà engendré des retombées, des subventions ayant été consenties à plusieurs organisations dont la mission s’harmonise bien avec l’esprit du fonds. S’investissant de tout cœur dans le processus de subventionnement, Roger a collaboré avec le personnel de la Fondation communautaire pour ce qui est de solliciter puis d’évaluer des propositions et, ultimement, de subventionner les plus appropriées. D’après Roger : « À ce jour, le volet le plus enrichissant de l’expérience a été de rencontrer les demandeurs de subvention en vue de définir leurs besoins et de constaté qu’avec un peu d’argent ils pouvaient accomplir de grandes choses. »

Cet investissement a contribué au lancement d’un programme communautaire panmunicipal de musique au profit d’une clientèle variée, dont des jeunes à risque dans le cadre du vaste programme d’activités parascolaires de la Coalition des maisons communautaires d’Ottawa. Du soutien financier a aussi été consenti à Building Bridges with Music, un programme de l’école Ottawa Suzuki Strings qui s’emploie à inciter des enfants de tous les milieux à faire l’expérience de la musique classique interprétée au moyen d’instruments à cordes. On a même financé l’achat de tee-shirts destinés aux membres de la One World Choir, chorale constituée d’immigrants et mise sur pied par le World Folk Music Ottawa, l’idée étant que même le plus simple des costumes pouvait susciter un sentiment de fierté chez les interprètes.

La performance de la chorale d’enfants de l’ecole primaire Charles H. Hulse  au concert anuel

À la fin de décembre 2016, Roger était parmi la foule d’enseignants, d’enfants et de parents qui ont assisté au concert annuel du temps des Fêtes de la Charles H. Hulse Elementary School, dans le quartier Alta Vista, un quartier très multiculturel. « Carolyn a toujours remarqué la forte dimension multiculturelle des chorales des écoles d’Ottawa. » Pour donner vie à ce souvenir, le Fonds communautaire de musique Carolyn Taylor a consenti des fonds pour assurer la poursuite du programme durant la saison 2016-2017, dont l’interprétation de deux chansons à l’occasion de ce concert. Roger a constaté l’existence de ce besoin dès sa première visite à l’école en compagnie d’un membre du personnel de la Fondation. « Quand nous les avons rencontrés, il était manifeste qu’ils avaient besoin de davantage de ressources pour réussir leur entreprise. » Grâce à une subvention, le directeur de la chorale a pu superviser les répétitions et les spectacles, ainsi que d’autres activités fort enrichissantes. « J’ai pu constater les efforts déployés par les enseignants pour bien administrer le programme. Je me réjouis que nous ayons pu les aider à concrétiser leurs buts. »

À l’instar des nombreux autres fonds dont la Fondation communautaire assure la gestion, le fonds de Carolyn continuera à honorer sa mémoire en appuyant des causes qui lui étaient chères. Roger qualifie le fonds de « fonds dynamique » —, un fonds qui perdurera et grossira grâce à l’appui d’autrui et qui n’aura cesse, dans les années à venir, d’engendrer des retombées au profit de la communauté.